Einstürzende Neubauten

À Berlin Ouest, en 1980, dans une liberté totale et un vacarme assourdissant, Einstürzende Neubauten forge une musique à base de cris primaux, de bruits et de fureur, à l’aide notamment de plaques métalliques, de perceuses, de marteaux-piqueurs… et invente tout simplement la musique industrielle. "Fuenf Auf Der Nach Oben Offenen Richterskala" est le quatrième album du groupe, sorti à l'origine en 1987. Moins agressif et violent que les précédents, l’album se veut plus pesant, empreint de violence latente, plus mélodique aussi, alternant silences et déchirements. L'attention portée à l'assaut rythmique est toutefois la même que sur les autres albums, le groupe n'a pas abandonné sa base indus, loin de là. Mais une ambiance plus calme, plus mélodique, plus sinistre, plus sombre et plus grave est à l'œuvre ici, avec le chant de Blixa Bargeld au centre du mixage, alors qu'il expérimente le souffle, les tonalités plus basses, les chuchotements et les crissements à peine audibles. Il y a ici une belle tension à peine contenue qui n'est jamais résolue, comme si le groupe se retenait de s'anéantir complètement."Zerstoerte Zelle" qui ouvre brillamment cet album résume à lui-seul le savoir faire et le doigté d’Einstuerzende Neubauten, tout en nuance et en violence organique, des percussions métalliques qui s’emballent et un final en apothéose qui mêle violons et sonorités industrielles. "Ich Bin's" reprend des schémas plus rituels où voix et rythmes évoluent en parallèle, étroitement enlacés en une respiration haletante quasi tribale. Toujours résolument inventif, libertaire et indépendant, Einstürzende Neubauten transcende les extrêmes dans une magnifique musique, exigeante et unique.